La violence à l’Ecole , Dossier de l’Enseignant

jeudi 6 avril 2006


« Pour moi, la manière dont est organisé le mouvement des enseignants est « criminogène ». Le mot est dur mais justifié. La solitude de l’enseignant débutant qui arrive dans un établissement où il ne voulait pas être dans une région qui n’est pas la sienne, qui n’est pas intégré dans une équipe, en fait une cible disponible. Autre facteur important : notre idéologie scolaire conduit à un refus massif des tâches éducatives par les enseignants. Celui du secondaire s’identifie à sa matière beaucoup plus qu’à son rôle éducatif. Or il faut que tous les adultes traitent la violence quotidienne ». Dans le numéro 94 des Dossiers de l’enseignant, Eric Debarbieux montre qu’on peut réagir face à la violence.

Mais il critique vertement les orientations actuelles. « Penser que c’est la répression qui va régler tous les problèmes de violence à l’École, c’est faire une erreur d’analyse considérable. Les expériences de lien Police-Éducation sont positives dans certains pays, comme le Québec ou l’Angleterre, parce qu’il s’agit d’une vraie police de proximité, une police très proche des communautés au sens de quartier… et peut ainsi jouer un rôle de régulation, de dissuasion et de prévention, beaucoup plus que de répression. Il faut dix ans pour mettre en place une telle police de proximité. Un policier « épouvantail » dans les collèges traduit une erreur d’analyse très profonde : la violence viendrait de l’extérieur et les forces de l’ordre devraient protéger l’établissement scolaire ; on peut alors supprimer les aides-éducateurs, réduire le nombre de surveillants : ils ne servent à rien puisque la violence vient de l’extérieur ! Or tous les chiffres montrent que la violence d’origine extérieure, c’est moins de 5% des cas. Quant à la note de vie scolaire, techniquement, elle ne fonctionne pas non plus. Ce sont les renforcements positifs qui sont efficaces. La sanction par la note et la répression policière vont à l’encontre des bonnes pratiques mises en évidence par toutes les recherches internationales ».

Rémi Casanova donne des exemples d’écoles qui réussissent dans leur combat contre la violence. « Les écoles qui réussissent aujourd’hui sont celles qui parviennent à s’adapter sans se renier. Mais… la réussite est toujours fragile et contextualisée. C’est alors au jour le jour, patiemment, dans la durée, souvent modestement et avec humilité, que se construisent les parcours de réussite face à la violence. C’est lorsque les écoles font « expérience », au sens étymologique du terme, de leurs phénomènes institutionnels, qu’elles sont sur la voie de la réussite ».

D’après le Café Pédagogique

D’accord avec certains points ou pas d’accord, il faut en parler, en discuter, réfléchir ...

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