Rarement aura-t-on vu autant d’acharnement à détruire le service public d’orientation.
En effet, le rapport accuse tranquillement à deux reprises (pages 17 et 27) les conseillers d’orientation de paresse (« À la dispersion et à l’illisibilité des missions s’ajoute l’absence de pilotage, qui peut inciter certains COP à penser qu’ils n’ont de comptes à rendre à personne... Ce contexte ne peut que déresponsabiliser des fonctionnaires. »).
Le rapporteur s’en prend également à la formation même des conseillers d’orientation. Actuellement ils sont obligatoirement détenteurs d’une licence de psychologie. Mais pour F. Reiss, « l’esprit de finesse et le bon sens ne sont pas l’apanage des seules personnes ayant suivi une formation de psychologue.... Un bon relationnel » est suffisant pour décoder les aspirations d’un élève, qu’il soit en difficulté ou non ».
Le rapporteur conclut en demandant de recruter des conseillers d’orientation détenteurs de n’importe quelle licence mais formés à la connaissance des métiers et des entreprises. « Le métier des futurs conseillers d’orientation », précise M. Reiss, « doit être centré « sur la mission de faire connaître le monde économique, les entreprises, les formations et leurs possibilités d’insertion professionnelle ».
Reconnaissant qu’il y a trop peu de conseillers actuellement (un pour 3 550 élèves !), il recommande pour financer le recrutement des nouveaux conseillers de supprimer l’ISO , une prime perçue par les enseignants du secondaire.
Au service de qui le service d’orientation doit-il être ?
Pour le rapport il apparaît clairement qu’il doit permettre au tissu économique de trouver la main d’œuvre dont il a besoin. On revient par ce rapport à une conception de l’orientation qui existait avant guerre, qui s’est développée au moment des Trente Glorieuses et qui visait à former la main d’œuvre nécessaire. Cette conception soit considère le salarié comme un pion jetable soit ignore la rapidité des mutations économiques qui rend illusoire de former à vie un salarié. Les parents eux ont bien compris cela, dont toute la stratégie vise à repousser le plus tardivement possible les choix d’orientation.
Ce que ce rapport nie c’est d’abord le droit à l’éducation.
C’est clairement lisible quand le rapporteur nous explique qu’il n’est pas besoin d’être psychologue pour orienter. Quels parents confieraient l’orientation de leur enfant à un conseiller incapable de le comprendre et ayant même mission de ne pas s’attarder sur le sujet ? Le rapport a d’ailleurs sa solution pour écourter les entretiens d’orientation. C’est l’apprentissage junior, c’est-à-dire l’expulsion de l’école des élèves à problèmes dès 14 ans. Le rapport affirme en toute franchise la réduction du droit à l’éducation.
A caricaturer ainsi un service d’intérêt public, la majorité prend le risque de bloquer durablement toute évolution du système éducatif. A preuve la décision de la Fidl, un syndicat lycéen, qui, pour la première fois, invite les lycéens à lutter contre « l’orientation active » imaginée par le même Robien.
source Café Pédagogique
le rapport Reiss
http://www.assemblee-nationale.fr/13/budget/plf2008/a0277-tiv.asp