Réforme du lycée, la fin des filières ? vraiment ?

samedi 5 janvier 2019


La réforme du lycée sera appliquée à la rentrée scolaire de 2019.

Le ministère veut, entre autres choses, la fin des filières telles qu’on les connait aujourd’hui. À la place, les élèves disposeraient d’un tronc d’enseignement commun accompagné de spécialités qui ne seront pas disponibles sur tout le territoire.

Dans cette réforme du lycée, version 2019, on trouve des combinaisons nouvelles comme par exemple « biologie et écologie », « numérique et sciences informatiques » ou encore « histoire-géographie, géopolitique, sciences politiques ». Les lycéens choisiront trois spécialités en classe de première et ils n’en garderont que deux en terminale.

Le problème, c’est que les lycées ne pourront pas tous offrir ces 12 spécialités. La spécialité « Biologie et écologie », par exemple, ne sera présente que dans les lycées agricoles. Ce que regrette Rodrigo Arenas, le co-président de la FCPE : « Le temps de trajet des élèves va augmenter et on sait, grâce à des études, que le temps de trajet entre le domicile et l’établissement est un facteur de décrochage et d’échec scolaire. Cette réforme ne supprimera pas les inégalités territoriales, au contraire, elle va les structurer. »

En moyenne, chaque proviseur proposera sept à huit spécialités. Mais les 12 seront présentes dans un bassin de lycées. Les élèves pourront en principe aller suivre un enseignement dans un autre lycée, ou bien changer de lycée. En zone urbaine, où les établissements sont proches, ce sera un peu plus facile même si cela pose aussi des soucis d’emploi du temps.

Difficultés de déplacements en zone rurale

Mais en zone rurale, les lycées sont parfois distants de 30 à 40 kilomètres. Ce point inquiète les lycéens, qui se sont mobilisés ces dernières semaines.Ces spécialités seront très importantes pour la suite. Elles seront évaluées au bac par deux épreuves, en mars de l’année de terminale, et les notes seront prises en compte pour l’orientation dans Parcoursup.
Le SUNDEP Solidaires dénonce la volonté gouvernementale de supprimer les petites structures . La région Midi Pyrénées est une région très rurale. Autour de la grande métrople régionale qu’est Toulouse, les 7 départements ruraux qui constitue cette région , de nombreux « petits lycées privés » devront soit fermés soit se regrouper et fusionner.
Ci joint le tableau des spécialités de la région Midi Pyrénées.

Mais pour l’instant, les établissements de l’enseignement supérieur n’ont pas précisé quelles spécialités étaient recommandées pour telle ou telle filière. Persistent donc beaucoup d’incertitudes pour les élèves de seconde, qui devront choisir à partir de février prochain.

Le SUNDEP Solidaires dénonce une réforme au rabais qui a été faite dans la seule idée de faire des économies, dans la précipitation et demande son retrait pur et simple.

Quelle est la réforme du lycée ?

 Fin des trimestres et semestrialisation des conseils de classe et des enseignements
 Fin des séries S, ES, et L
 Un tronc commun qui va en se rétrécissant progressivement au cours de la scolarité au lycée
 Instauration d’un lycée modulaire dès le deuxième semestre de la Seconde (premier semestre globalement commun à tou⋅te⋅s, fin des enseignements de détermination)
 Un système de majeures et de mineures qui démultiplie les parcours sans les individualiser complètement (lycée « à la carte », mais sur la base de menus préconstruits)

Quelle est la réforme du baccalauréat ?

 Une épreuve anticipée en français maintenue en première
 Quatre épreuves finales en terminale :
 Deux épreuves écrites, passées en avril, dans les disciplines majeures inscrites dans des parcours (exemples : un parcours scientifique avec en majeures Mathématiques et Physique-Chimie, un parcours Littérature & Société avec en majeures la Philosophie renforcée et les Lettres…)
 Deux épreuves universelles en fin d’année scolaire, passées par tou⋅te⋅s les élèves :
— une épreuve écrite de philosophie
— un oral sur la base d’un mini-mémoire interdisciplinaire
Les résultats de ces deux épreuves sont transmises avec le dossier scolaire, aux établissements de l’enseignement supérieur, qui pourront s’appuyer dessus pour prendre leurs décisions sur les voeux d’orientation des élèves.
 Tout le reste des disciplines est évalué en contrôle continu ou en contrôle en cours de formation.

Construire la mobilisation

Les fédérations FERC-CGT, FNEC-FP-FO, FSU, SUD éducation, Solidaires étudiant⋅e⋅s, l’UNEF et l’UNL ont affirmé des revendications communes :
 « La nécessité de travailler tout au long du parcours au lycée à une orientation choisie, construite, accompagnée et évolutive avec les moyens humains et financiers nécessaires.
 Le maintien du baccalauréat comme diplôme national et 1er grade universitaire, garantissant l’accès de tous les bachelier·es sur tout le territoire aux filières post bac et aux établissements de leur choix.
 L’exigence d’ouverture massive de places supplémentaires en 1er cycle post bac et le refus de toute sélection à l’entrée à l’université.
 Le refus de l’instauration de blocs de compétences en lieu et place des diplômes et des qualifications.
 L’abandon du projet de loi sur le 1er cycle post bac et du Plan étudiants qui l’accompagne, condition pour permettre une réforme ambitieuse qui garantisse le libre accès de chacun·e au supérieur. »

Il s’agit désormais de construire la mobilisation.

Dans des assemblées générales, heures d’informations syndicales, débattons des moyens à mettre en œuvre pour imposer le retrait des projets de réforme du bac, du lycée, du premier cycle universitaire et du Plan étudiants.

Pour le SUNDEP Solidaires et SUD éducation, cela passera par la convergence des mobilisations des personnels de l’enseignement scolaire et du supérieur, des étudiant⋅e⋅s et des lycéen-ne-s, et par la construction d’une grève massive et reconductible.
En pièce jointe , la mobilisation interfédérations du 11 décembre 2018.

Les revendications du SUNDEP Solidaires pour un lycée égalitaire

Le SUNDEP Solidaires revendique le maintien du cadre national du baccalauréat, qui doit rester le premier grade universitaire, contre toute tentative de localisation. Nous refusons toute hiérarchisation entre les disciplines par une différenciation entre celles qui donneront lieu à examen terminal ou non. Nous défendons le droit à l’anonymat des élèves pour les épreuves certificatives.

Pour favoriser l’égalité du droit à l’éducation, la réduction des effectifs par classe et la mise en place de dédoublements systématiques sont des exigences essentielles, à l’opposé de la politique d’austérité, de suppression de postes et d’autonomie des établissements.

Plus la scolarité est commune, moins elle est inégalitaire : le SUNDEP Solidaires tout comme SUD éducation inscrit son combat dans la perspective de l’abolition du système hiérarchisé actuel qui fonctionne sur un modèle d’orientation et de sélection des élèves.

Nous portons un projet de lycée unique polytechnique, avec un enseignement qui garantisse à tou⋅te⋅s les élèves l’appropriation de tous les types de savoirs – qu’ils soient manuels, techniques, artistiques ou théoriques – reposant sur des pratiques pédagogiques coopératives et émancipatrices.