Mixité sociale, la solution fétiche du ministère de l’Education nationale...

mercredi 1er février 2017


[« Les inégalités ne se dissolvent pas dans la mixité sociale » selon Maurice Blanc dans son article, « Espace, inégalité et transaction sociale »

Le 12 janvier 2017, le journal toulousain, La dépêche du midi, informait qu’à la rentrée 2017, « 150 élèves des écoles de la Reynerie à Toulouse feront leur scolarité ailleurs qu’au collège Raymond Badiou. La mixité contre le décrochage » (...)

"Hier matin, le Conseil départemental de l’Education nationale (CDEN), qui siège régulièrement au conseil départemental de Haute-Garonne pour définir les grandes lignes de la carte scolaire, a donné un avis favorable au lancement du programme de mixité scolaire, dès la rentrée de septembre, qui va d’abord concerner 150 élèves actuellement en CM2 dans les cinq écoles primaires rattachées au collège Raymond Badiou à Toulouse (Reynerie), voué à disparaître avant de renaître flambant neuf.

Il continuera d’accueillir les élèves de 5e, 4e et 3e durant la durée des travaux.

L’objectif de l’inspection académique est de permettre à ces futurs collégiens de bénéficier d’un cadre mieux adapté à leur réussite scolaire en intégrant « plusieurs collèges favorisés de la métropole toulousaine ». La démolition-reconstruction du collège Badiou en est la clé de voûte. Problème : Georges Méric, le président du conseil départemental qui estime que la mixité sociale est un préalable à la lutte contre « une République en danger », assure que l’emplacement qui accueillera le nouveau collège Raymond Badiou « n’est toujours pas trouvé ».(...)"

Que penser de cette décision ? Pourquoi le SUNDEP Solidaires, syndicat de l’enseignement privé, participerait-il à soutenir SUD Education face ce problème de destruction des établissements publics ?

Tout simplement, parce que le SUNDEP Solidaires défend vivement ,avec SUD Education, les services publics et laïcs.

D’autant plus que ces destructions de collèges dans des zones difficiles vont empêcher ces jeunes d’aller sereinement au collège...

En effet, si ces collèges ferment, les familles vont devoir amener leurs enfants dans d’autres collèges qui n’ont plus rien avoir avec leur quartier : « ceux de l’école Buffon rentreront au collège Bellevue, ceux des écoles Faucher 1 et 2 à Pierre de Fermat, ceux de l’école Elsa Triolet au collège Les Chalets, ceux de l’école Jean Galia au collège Jean Rostand et ceux de l’école Didier Daurat au collège Léonard de Vinci à Tournefeuille ».

Pourquoi ne pas attendre la construction des deux nouveaux collèges ? 2 nouveaux collèges : où, quand, pour qui ? Que vont devenir ces quartiers sans collèges, abandonnés de la République ? Les élèves sont-ils les cobayes d’une expérimentation sur la mixité sociale (loi sur la mixité sociale de 2013) ?

Comme on l’enseigne aux élèves, il est aussi très important de croiser ses sources pour se faire sa propre opinion. Sur cette épineuse question, croiser ses sources demande un effort particulier : il faut aller « de l’autre côté du périph », dans ce quartier du Mirail qualifié de « ghetto ethnique », de « foyer de radicalisation », dans lequel « la République est en danger » (cf. Sud Education : Propos tenus en réunions publiques de « concertation » ou devant les médias locaux….).

Que feront les familles ?

Pour nous au SUNDEP Solidaires, le Ministère de l’Éducation nationale continue de déshabiller l’école publique....et les familles se tourneront de plus en plus vers l’école privée afin de choisir son école, celle proche de son domicile, ou proche de leur religion, de leur communauté. Elles peuvent aller jusqu’à créer leurs propres écoles privées de confession musulmane entre autre. La population va se crisper un peu plus tous les jours....et ce sera l’effet inverse qui se produira : des communautés qui se regarderont en chien de faïence, des coûts en fatigue pour ces jeunes qui devront aller à l’école très éloignée de leur domicile.
Pourquoi ne pas proposer dans un même temps, un logement à ces familles dans les quartiers de Fermat, Bellevue ou la ville de Tournefeuille ?

Que feront ces quartiers vidés de leurs écoles ?

Michel Blanc, sociologue, parlait de paradoxe de la mixité sociale dans « Espace, inégalité et transaction sociale », SociologieS [En ligne], Débats, Penser les inégalités, mis en ligne le 27 janvier 2012.

"Ainsi la rénovation urbaine vise à disperser les pauvres, mais sans savoir où les reloger, car personne ne veut les accueillir. Même à dose homéopathique, ils continuent à déranger et ils se retrouvent entre eux, souvent à proximité (...). Par ailleurs, une mixité qui admet des exceptions n’est pas une vraie mixité. C’est pourtant ce qui se produit aux deux extrêmes, avec l’exclusion des plus pauvres et l’auto-exclusion des plus riches (...).

site : L’école pour les enfants des quartiers populaires ? On ferme !

http://www.canalsud.net/?L-ecole-po...

voici l’appel à la grève de SUD Education :
Grève le mardi 31 janvier : rassemblement à 14h place Abbal (métro Reynerie)
http://www.sudeduc31.org/article-20...