RÉFORME DU LYCÉE : UNE OPÉRATION DE COMMUNICATION ET APRÈS ?

dimanche 18 octobre 2009


PROFESSEURS DE COLLÈGE, DE LYCÉE :
TOUS CONCERNÉS PAR LES PERTES D’EMPLOI ÉVENTUELLES,
TOUS CONCERNÉS PAR LES CHANGEMENTS DE MÉTIER QUI SE DESSINENT !

Les reculs du gouvernement : la voie technologique est confortée, la volonté de remise en cause des options n’est plus annoncée.

Des propos généraux :

• Rénovation des séries industrielles.

• Rééquilibrage au profit des sections littéraires

• Possibilité d’une orientation moins couperet pour les élèves.

Des interrogations :

• Le cycle terminal reste très flou.

• La définition d’une culture commune reste limitée à une vision étriquée : la culture locale et nationale, à « aspect patrimonial ».

• L’autonomie des établissements est mis en avant dans la lutte contre l’échec scolaire sans que les moyens attribués soient clairement définis.

• Les mesures de remédiation ressemblent à celles déjà adoptées en collège : ces moyens seront-ils pris sur l’existant ?

Des aspects d’ores et déjà dangereux.

• La baisse de l’emploi est toujours programmée (16000 postes privé/public)

• Le livret de compétences initié par Martin Hirsch risque d’accélérer la généralisa¬tion de la mise en place des « compétences » et donc de remettre en cause la valeur du baccalauréat.

 ARCHITECTURE PRÉVUE PAR LA RÉFORME

SECONDE1080 h de cours annuel sur 36 semaines (36 x 30 heures
Enseignement général (21h hebdo) Français, maths, LV1 et LV2, EPS, histoire géographie, sciences expérimentales
4 enseignements d’exploration et d’approfondissement Classés par domaine (* voir détail ci-dessous). L’élève choisit 2 enseignements.
Un temps consacré à l’orientation inscrit dans l’horaire de l’élève Remise à niveau / Travaux interdisciplinaires / Aide à l’orientation. Cadre national mais définition par établissement

Les différents domaines exploration et approfondissement seraient toujours les suivants :

Humanités : Littérature française / Langues et cultures de l’Antiquité (latin, grec) / Langues vivantes étrangères ou régionales / Arts et histoire des arts
Sciences : Mathématiques / Physique-chimie / SVT / Informatique et société numérique
Sciences de la société : SES / Initiation aux sciences de gestion / Histoire et géographie
Technologies : Initiation aux sciences de l’ingénieur et de la production /Initiation aux sciences médico-sociales / Techniques d’atelier et de laboratoire /Design / Initiation aux technologies de l’hôtellerie et de la restauration / Activités physiques et sportives

ET EN 1ÈRE ?
« Une classe de première avec un tronc commun et des enseignements de spécialité autorisant les corrections de trajectoire* au cours ou à la fin de l’année »

* « Des sas de complément de programmes, pendant les vacances scolaires, pour permettre les corrections de trajectoire entre les séries au cours ou à la fin de l’année »

 L’ANALYSE DU SUNDEP

▶L’horaire pour les élèves passe à 30h/semaine. Le ministère a abandonné son projet d’un passage à 27h, qui conduisait déjà à la suppression de 3 500 à 4 000 postes. Les luttes sont payantes.

▶Si la fusion de la SVT et de Physique-Chimie est maintenue, il y aura une diminution importante de postes.

▶Le décloisonnement de filières annonce des regroupements d’effectifs pour économiser des moyens, et donc, des pertes de postes et des groupes plus lourds à gérer au quotidien : c’est déjà le cas cette année en LP avec le « bac Pro 3 ans »

Les modifications structurelles pourraient entraîner une annualisation du temps de travail et le développement de la polyvalence, ainsi qu’un alourdissement des horaires des profs (accompagnement des élèves en plus ?).

Le ministère parle maintenant d’une ISO « revalorisée », ce qui semble correspondre à l’idée d’augmentation du temps de travail contre une prime un peu augmentée … et précise que les enseignants « devront être plus présents, notamment pour accompagner les élèves en difficulté »…

▶Quelle sera l’évaluation conditionnant le passage en classe supérieure ? Le redoublement semble proscrit : le Ministère semble naviguer à vue…

La filière technologique est maintenue mais les bacs technologiques sont particulièrement visés par le resserrement des moyens (dans les académies, la capacité d’accueil de ces différents bacs a été réduite pour « économiser »). Il faut dire qu’un rapport de l’inspection générale préconisait il y a un an leur suppression et leur rattachement aux filières générales : ils « coûtent cher » ! L’éventail actuel sera-t-il maintenu ou les filières seront-elles regroupées en partie ?

Si une philosophie du projet s’inscrit dans la baisse des moyens d’enseignement (fermetures de postes maintenues, très forte baisse des postes aux concours de recrutement ) l’autre philosophie du projet semble bien être de « casser » le métier de l’enseignant :

▶fin progressive des vacances scolaires, jusqu’à présent pour les seuls volontaires payés en HSE (le moins possible) mais demain avec tous les stages, rattrapages (et si dans une discipline il n’y a pas de volontaire ?)

▶fin progressive de l’ORS-semaine (18 ou 15 heures) …

Taillables et corvéables à merci , ce sera NON !

 LA RÉFORME DES CONCOURS D’ENSEIGNANTS

Elle serait mise en place en 2010.

 Les enseignants passeront désormais le concours à bac plus 5 (niveau master 2).
Les candidats devront donc financer deux ans de plus de formation, l’État économisera une année de salaire !
 Les nouveaux cursus mettront fin à la formation en alternance (stagiaires IUFM).
À l’issue du concours, les lauréats seront mis « en situation de pleine responsabilité » et bénéficieront seulement de l’aide de « professeurs expérimentés ». Cette simple disposition économise 24 000 postes par an …

Cette réforme organise aussi la dissociation de la formation et du recrutement :
 aux universités la conception et la mise en œuvre des formations, au ministère l’organisation des concours. Le risque est une formation plus théorique, organisée par des formateurs uniquement universitaires qui pourraient enfermer les enseignements dans une logique pure¬ment disciplinaire oubliant Didactique et Pédagogie. L’État, en se réservant l’organisation des seuls concours, abandonne toute ambition de promotion de nouvelles approches éducatives ou pédagogiques.

Le ministère présente aux syndicats un projet qui séparerait concours et accès à l’emploi : le lauréat, s’il n’était pas recruté dans les 3 ans, perdrait le bénéfice du concours !

La version définitive des nouvelles maquettes des concours, adaptée à chaque spécialité, devrait sortir bien¬tôt. Le projet prévoit la réduction du nombre d’épreuves (4 contre 5 à 8 atuellement, ce qui participe bien sûr d’un plan d’économie) et un poids plus grand donné aux épreuves orales (60% oral, 40% écrit).Le niveau d’exigence disciplinaire pour les deux épreuves écrites sera celui de la licence.

En 2009, 14 000 postes ont été mis aux concours ; il y avait 23 000 postes en 2008.

 Des actions ont déjà permis de modifier le projet initial. Restons mobilisés pour améliorer encore ce projet et faire en sorte que les conditions de travail des enseignants ne se dégradent pas davantage.