Un lycée musulman lillois signe un contrat d’association avec l’Etat,

dimanche 17 août 2008


contrat d’association qui prendra effet à la rentrée 2008 .

"Ce lycée « Averroès » est le premier des établissements musulmans créés depuis 5 ans qui a signé un contrat d’association avec l’Etat. D’autres le pourront bientôt à Marseille, dans l’académie de Créteil et dans la banlieue lyonnaise.

La mise sous contrat d’association avec l’Etat est une procédure qui impose des conditions strictes : l’établissement doit exister depuis au moins cinq ans. les maîtres doivent posséder les titres requis pour obtenir un contrat ou un agrément provisoire. les locaux et installations doivent répondre aux exigences de salubrité et comporter des installations correspondant à l’enseignement dispensé (selon les normes de l’enseignement public). les effectifs requis sont ceux pratiqués pour les classes correspondantes de l’enseignement public. tout contrat nouveau ne peut être conclu que dans la limite des crédits affectés à la rémunération des personnels enseignants, et fonction des effectifs d’élèves et des types de formation existant dans les établissements publics et privés sous contrat. les formations offertes doivent être compatibles avec les orientations définies par le schéma prévisionnel des formations régional (PRDF). l’établissement doit répondre à « un besoin scolaire reconnu » : conformité de l’enseignement à l’aptitude des élèves, respect de toutes les croyances, liberté dans l’enseignement, respect total de la liberté de consciences, accès à l’enseignement sans distinction d’origine, d’opinion ou de croyances. Donc, contrairement à ce que certains responsables d’établissements privés confessionnels veulent passer sous silence, il y a bien une obligation de laïcité qui doit être observée.

Ce que confirme d’ailleurs le responsable du lycée Averroès : « nous ne posons jamais la question de la religion aux élèves ou professeurs, c’est une affaire personnelle, tout comme nous ne demandons jamais à une jeune fille pourquoi elle porte ou ne porte pas le voile ». Le lycée se distingue par sa référence aux « valeurs musulmanes : goût de l’effort et du savoir, respect des autres ».

Par ailleurs, le cours d’éthique religieuse est facultatif. Les frais de scolarité resteront fixés à 750 euros par an.

Dans le cadre de la législation actuelle, il est logique que des établissements musulmans puissent passer un contrat avec l’Etat, au même titre que des établissements catholiques, juifs ou laïcs.

Cependant, le SUNDEP réaffirme sa volonté d’une unification du système éducatif seul à même de permettre une égalité de tous en matière d’éducation, et le respect total de la liberté de conscience des élèves et des personnels.

Installé au deuxième étage de la mosquée de Lille Sud, le lycée Averroès a été ouvert à la rentrée 2003, avec seize élèves de seconde. Il accueille aujourd’hui 90 élèves, dont 60 filles qui ne portent pas toutes le voile, précise le directeur adjoint.

Le projet avait en effet été lancé en 1994, époque à laquelle 19 lycéennes avaient été exclues de l’enseignement public pour avoir refusé d’enlever leur foulard. Le lycée Averroès fut le premier lycée privé musulman ouvert en France.

Un contrat d’association vient d’être signé avec l’Etat, à la suite de la période d’observation de cinq ans prévue par la loi. Le lycée Averroès a pu prouver qu’il répondait à un besoin scolaire.

A l’image des lycées privés catholiques, il se veut ouvert à tous, en particulier sans distinction de religion. Il existe un cours d’initiation à l’islam intitulé « éthique religieuse ». Il est facultatif, mais très suivi.

L’arabe est proposé en deuxième ou troisième langue vivante. 86 % des élèves de terminale ont obtenu leur baccalauréat en 2007. Le nombre de lycéens prévus pour la rentrée 2008 est d’environ 110.

Le lycée Averroès est le second établissement privé musulman à avoir signé un contrat avec l’Etat, le premier étant une école primaire située à Saint-Denis-de-la-Réunion, La Medersa, qui a signé un contrat en 1990.

Le contrat signé avec le lycée Averroès prendra effet à la rentrée de septembre. Les enseignants seront en principe rémunérés par l’Etat. Leurs salaires représentent les trois-quarts du budget annuel du lycée, à savoir 400 000 euros.

La signature de ce contrat amène un certain nombre de réflexions sur la loi Debré de 1959, qui assure le financement public d’établissement d’enseignement privés. La première concerne l’égalité des citoyens devant la loi.

Suivant ce principe il apparaît évident que des citoyens se revendiquant musulmans sont tout aussi légitimes que des citoyens se revendiquant catholiques pour bénéficier des avantages de la loi Debré. On peut contester la loi dans son principe, ou certaines de ses modalités. Mais à partir du moment où elle existe, elle est la même pour tous.

La deuxième réflexion porte sur la société que nous voulons. La Loi Debré a instauré une ségrégation de fait, dont les conséquences sont de plus en plus manifestes.

Il existe en France un nombre important d’établissements privés catholiques. Ce réseau est largement sécularisé dans son corps professoral et dans les motivations des parents, mais on constate des tentatives de réaffirmation identitaire croissantes.

Par ailleurs plus du quart des enfants de familles juives est scolarisé dans l’enseignement privé juif.

Plusieurs établissements privés musulmans fonctionnent, et une dizaine de projets seraient à l’étude. Sans sombrer dans la vision d’un communautarisme tous azimuts, on peut lire dans cette évolution une tension entre une légitime diversité et une tendance au repli sur soi. Il faut ici réaffirmer la nécessaire primauté de l’enseignement public qui accueille tous les enfants sans distinction d’origine ou de religion.

Pour aller plus loin dans cette réflexion on pourra consulter notre site laicite-laligue.org qui propose dans son menu une entrée intitulée la Laïcité à l’usage des élus avec de nombreuses informations sur ces questions."

Charles Conte, Chargé de mission laïcité à la Ligue de l’enseignement

Edito diffusé sur le site du Café pédagogique

Pour le SUNDEP, quelle que soit la religion éventuellement associée à un établissement sous contrat d’association avec l’Etat, le respect de la laïcité de l’enseignement est fondamental : ce respect de la laïcité se traduit par la liberté de conscience des enseignants et des élèves, un recrutement d’enseignants non basé sur critères confessionnels (c’est la loi mais les structures de l’enseignement catholique- religion largement majoritaire dans ce secteur- ne la respectent pas en général), l’absence de prosélytisme religieux etc ... Et bien sûr, l’Education Nationale, y compris dans l’enseignement privé sous contrat ,fût il confessionnel doit faire respecter l’égalité homme-femme tant dans les pratiques de l’enseignement que dans l’éducation des jeunes qui lui sont confiés !